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Ce blog n’est pas rosicrucien, martiniste ou maçonnique, mais s'intéresse à ces trois courants initiatiques et traditionnels.

lundi 22 octobre 2012

Portier, couvreur ou gardien..


Le « Couvreur » dans une loge maçonnique, le « Gardien » dans une loge rosicrucienne, de même martiniste, , le clerc « Portier » dans l’Église, voici des fonctions et/ou grades, au plus bas dans l’échelle et qui constituent pourtant l’élément premier dans l’accès au Temple.

Effectivement, nul ne pourrait franchir de seuil sans sa présence. C’est lui qui ouvre et ferme la porte, gardien dans l’humilité de la Tradition ou de l’Ecclesia.

Qu’il soit Portier au nom et pour servir le Grand Architecte de l’Univers ou le Christ, c’est selon[1],  il est le premier à nous accueillir.

Dans la Symbolique Maçonnique[2], Jules Boucher nous informe d’une disposition qui me paraît fort révélatrice et de haute valeur spirituelle :

« Le poste de Couvreur  est tout aussi important et nécessaire que celui de Vénérable ; les anciens rituels se montraient donc parfaitement sages quand ils donnaient cette place au Vénérable qui venait de terminer son rôle de Président, (page 107) ».

De même, mais plus par coutume que par obligation, dans la plupart des loges rosicruciennes.

Janus, le dieu aux deux visages contrôlait simultanément l’entrée et la sortie.

Dans l’Église[3] il est sagement rappelé que « même s’il accède à un autre ministère, le portier restera toute sa vie un symboliste (un Portier)». L’Evêque donc reste ad vitam, d'abord un Portier !  Cela me semble bien normal, car dés l’origine,  c’est bien à l’apôtre Pierre  que Jésus remit toute la plénitude du  « Pouvoir des Clefs, c'est-à-dire d’ouvrir et de fermer les Portes du Royaume Spirituel »[4] (maîtrise partagée avec l’archange Saint-Michel).

L’on comprendra ainsi que ce premier grade des ordres « Mineurs » est l’étape décisive dans la montée initiatique vers les ordres supérieurs, dits « Majeurs ».

 Crédit photo : site évangile-et-peinture, œuvre de  Berma

Qui dit Portier, dit porte et qu’est-ce qu’une porte dans le symbolisme ?

Dans toutes les Traditions, c’est un lieu de passage qui évoque le plus souvent celui des ténèbres à la lumière, ou de la terre au ciel (mythe de la caverne) les portes du paradis et celles de l’enfer. Mais l’on pourrait également rappeler celui entre le monde des vivants et des morts, ou de l’ignorance à la connaissance. Citons encore le passage du haut vers le bas, de l’extérieur vers l’intérieur.

Mais essentiellement, du monde profane au monde sacré (ce qui doit nous faire souvenir que le rite  est une technique qui facilite le passage vers le sacré). Le symbolisme très riche de l’art roman s’illustre par la présence fréquente de tigres menaçants aux portails d’églises ou de chapelles. Mais ce ne sont que des tigres de papiers, gardiens du seuil, qui effraient ceux qui ont de mauvaises intentions et laissent entrer  les cœurs purs.

Dans le mysticisme de Saint-Jean de la Croix, de Sainte Thérèse d’Avila (pour ne citer que ceux-là) ce passage de la nuit obscure vers une aube nouvelle, une aube d’or, passe par le portail du Baptême, afin de pouvoir entrer dans l’Église, l’Assemblée Sainte, le Corps des Baptisés, où aura lieu le mariage avec l’Agneau (le Christ). C‘est elle qui donne accès à la Révélation.

L’alchimie de même, par le portail de la Régénération pour aller célébrer dans le Temple, les Noces Chymiques.

Dans la Tradition, la porte, c’est le franchissement d’une entrée que l’on appelle l’Initiation.

A l’évidence, ce simple Portier, Couvreur ou encore Gardien est bien plus important, j’allais écrire grave, qu’il n’y paraît !

Portes et portiers : quelques citations à méditer :

« Oh vous qui avez dit : Je suis la Porte… montrez-nous avec évidence de quelle demeure vous êtes la porte, à quel moment et quels sont ceux à qui vous l’ouvrez. La maison dont vous êtes la porte est le ciel que votre Père habite ».                                         Guillaume de saint-Thierry


 « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai et je prendrai la Cène avec lui et lui avec moi ».                                  Apocalypse, 3/20



 « Un disciple du Maître Soufi Mawlânâ lui demanda : Maître, pourquoi t’adonnes-tu ainsi de jour et de nuit à la musique ? Il lui répondit : Parce qu’elle est pour moi comme le grincement des Portes du Paradis  - Moi, je n’aime pas les portes qui grincent lui répliqua le disciple. A quoi Mawlânâ répondit : Parce que tu les entends seulement quand elles se ferment, moi je les entends quand elles s’ouvrent! »                                                                                             Mawlânâ, Maître Soufi  



[1] « Dieu est architecte dans la Bible, chez les Pères de l’Église, dans la littérature maçonnique » AMADOU, Robert, La tradition maçonnique, Paris, Cariscript, 1986.

[2] BOUCHER, Jules, La Symbolique Maçonnique, Paris, Dervy, 1948, 382 p.

[3] L’Église Catholique Romaine a abandonné cette ordination mineure qui est perpétuée de nos jours par plusieurs églises catholiques séparées de Rome, telles par exemple l’Église Gallicane, mais aussi il me semble la Petite Église Vieille Catholique, les Églises Orthodoxes.

[4] Tous les passages entre guillemets de ce paragraphe sont extraits du site internet de l’Église Gallicane.

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