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Ce blog n’est pas rosicrucien, martiniste ou maçonnique, mais s'intéresse à ces trois courants initiatiques et traditionnels.

dimanche 2 septembre 2012

J'ai (presque) lu pour vous : Le Magikon de Kleuker


J’ai une grande admiration et un profond respect à l’endroit de Friedrich Kleuker, 1749-1827, Pasteur, théologien, historien, mais surtout grand théosophe allemand. Connu pour sa  traduction du Zend-Avesta, il a produit un ouvrage proche de l’excellence, Le Magikon.



Crédit photo :   philosophe-inconnu.com

Ce livre demeure ignoré du grand public car il n’a malheureusement pas été édité dans notre langue. Ne pratiquant pas celle de « nos cousins germains », je me réfèrerai  donc aux travaux du professeur Antoine Faivre  et davantage encore à l’article  qu’il a publié sur le site-internet du Philosophe Inconnu.

 Le Magikon présente à mes yeux trois caractéristiques remarquables.
           
• Un corpus habile et surtout fidèle, en deux grandes parties. Kleuker s’attache à faire une présentation assortie de commentaires des deux œuvres de Louis-Claude de Saint-Martin, Des Erreurs et de la Vérité, et du Tableau naturel ; puis il se livre à une critique objective, intelligente en avançant parfois ses propres propositions lorsqu’il se détache des conceptions du « Philosophe Inconnu ».

•  Une vision prospectrice exceptionnelle. Alors que Saint-Martin ne connaîtra Jacob Boehme que des années plus tard, Kleuker est le premier à établir le rapprochement entre les deux théosophes. La bonne graine était donc déjà en germe avant 1784 ! Le « virage » pris par Saint-Martin n’est pas le fruit exclusif (une découverte) de la rencontre Salzmann-Boecklin mais un cheminement, le résultat de sa propre et patiente évolution. C'est troublant lorsque l'on sait que ces deux premiers livres sont tous deux voilés, sous influence directe de Martinès de Pasqually...

De même, dans les commentaires qu’il expose, Kleuker se verra confirmé par les ouvrages à venir du théosophe d’Amboise.

●  Un certificat de rectitude dans la démarche, ce qui aurait pu se révéler un lourd handicap se métamorphosant en heureuse opportunité : Kleuker croit avoir affaire à… deux auteurs différents ! Si l’on a pris soin d’estimer à sa mesure la caractéristique précédente, il faut lui accorder  un prodigieux sens de l’analyse, allié à un flair redoutable ! Quand à Saint-Martin, ce n'est qu'en 1792 qu’il apprendra l'existence du Magikon !

 Nous sommes loin de l’essai sur La vie et la doctrine de Saint-Martin, tout aussi profitable, présenté par Elme Caro. Catholique romain, son travail est mené d’une manière différente de celui du pasteur luthérien Kleuker. Caro, professeur agrégé au lycée de Rennes, a subtilement capté Saint-Martin pour exposer ses propres conceptions et il n’est pas rare de passer plusieurs pages sans rapport avec le sujet, sans faire le parallèle avec Saint-Martin : Caro expose Caro ! Et les dérapages sont parfois outranciers à l’encontre du Philosophe Inconnu. Je soupçonne Caro de partialité, pis encore, de n’avoir pas digéré « la sauce saint-martinienne » et s’aventurer imprudemment. Mais il faut lui reconnaître rigueur et professionnalisme. 
                       
Du faux-vrai plagiaire De Maistre , en passant par l’ambigu Le Forestier, sans oublier le méritant et honnête Matter, le magistral Franck,  c’est à Kleuker que vont mes faveurs.

3 commentaires:

  1. Merci pour cette très belle analyse,
    Qui est le "faux-vrai plagiaire de Maistre" auquel vous faites référence en fin d'article ?
    Bien amicalement
    Jean.

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  2. De Maistre lui-même, qui dans ses oeuvres reproduisit allègrement sans le nommer, Saint-Martin.

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  3. Bien utile, cette analyse ! J'avoue que je ne connaissais Kleuker que de nom.

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